L'Hôpital Saint-Jean de Perpignan (1116-2016)

L’hôpital à Saint-Jean 1116-1808

Une fondation précoce dans le cœur de la ville

Fondé en 1116 par le régent du comté de Roussillon Arnaud Gausfred, placé primitivement sous l’égide de la confrérie hospitalière « Saint-Blaise », l’hôpital des pauvres de Perpignan, dédié en 1266 à Saint-Jean, s’inscrit dans un parcellaire urbain peu connu de la ville, celui du Xe-XIIe siècle, les reconstructions s’étant succédé au fil des siècles sur cet espace restreint.

D’un côté, il s’appuie sur le rempart, à la hauteur du bastion Saint-Jean, de l’autre, il jouxte l’église Saint-Jean dite « le Vieux » (fin IXe siècle), et enfin il voisine avec le palais comtal (fin Xe siècle), plus tard avec le palais épiscopal. Situé en bordure de la rue principale (actuelle rue des Abreuvoirs) et du marché, il a donc été édifié au cœur du noyau originel de la ville, centre de regroupement des maisons, pole religieux mais aussi espace de commandement politique et militaire.

Cette implantation sur des terres appartenant au comte du Roussillon Arnaud Gausfred et sur sa volonté, reste encore inédite et précoce.

Il a occupé le même emplacement jusqu’en 1808.  Il n’en reste aujourd’hui aucun vestige apparent.

Une structure architecturale peu commune sur le parcellaire médiéval

Si l’on ne sait rien de la structure de l’hôpital primitif, nous en avons un premier aperçu dans le plan relief. De plus, les documents retrouvés nous permettent aussi de nous faire une idée de son aspect par la suite, à partir du XVIIIe siècle.

Sa structure architecturale est peu commune. Il se compose de quatre ailes non parallèles autour d’une cour centrale.

Avec l’accroissement de la population et du nombre de pauvres malades, l’édifice primitif est devenu au XVIIIe siècle trop petit et malsain. Pierre Poyedavant, dans son Mémoire sur la province du Roussillon et le pays de Foix, en 1778, le décrit ainsi : « ses bâtiments forment un carré peu spacieux où l’air libre ne peut aisément pénétrer dans les différentes salles ».

Une gestion longtemps « sous l’aile de l’Eglise »

Jacques le conquérant le place sous l’égide des Consuls et des notables de la ville et il le restera jusqu’en 1716, date à laquelle il sera régi par un bureau présidé par l’évêque, protecteur de l’hôpital, composé des consuls et de 24 membres.

Administrateurs, intendants et syndics forment le bureau qui administre et régit l’hôpital. Un prêtre est chargé de l’instruction, l’assistance, la consolation des pauvres et l’administration des sacrements. Un maître fabricant de draps leur apprend le métier. Les pauvres sont aussi formés par un tisserand, des précepteurs et gouvernantes, un médecin, un apothicaire, un menuisier, un boulanger et un économe.

L’époque Révolutionnaire apporta de profondes modifications aux hôpitaux. Ainsi, la loi du 16 vendémiaire an V rassembla tous les hôpitaux d’une même commune en un seul établissement public et confia sa gestion à une seule commission des hospices, dont les cinq membres étaient choisis par le conseil municipal.

Les bases de l’administration hospitalière de la période contemporaine étaient posées.

Hôpital Saint Jean

Annexion maison du gouvernement

L’annexion de la maison du Gouvernement et des locaux de l’évêché

L’effervescence des idées philanthropiques influence les nouvelles directives sur les plans sanitaire, social et hospitalier, inspirant fondamentalement l’œuvre de la Convention. La dignité des indigents et des malades devient un problème central. L’Etat ne veut plus de ces hôpitaux qui sont plus des lieux d’enfermement que de soins.

Ainsi, les administrateurs de l’hôpital Saint-Jean déposent à l’Assemblée nationale une pétition pour que l’établissement soit déplacé dans « le local de l’hôpital militaire de la ville (ancien hôpital du Roy) et ce qui reste de la maison des Cordeliers », c’est-à-dire dans les locaux de l’ancien couvent des Franciscains, rue Foch.

Cette demande étant restée lettre morte, l’hôpital annexe la maison du gouvernement, place d’Armes (place Gambetta) en 1791.

L’idée d’agrandir l’établissement se poursuit dans les années suivantes. En décembre 1792, une pétition appuyée par le directoire du département et du District, qui réclame « le local de l’évêché », est envoyée à la Convention. Elle reste lettre morte jusqu’à la déclaration de la guerre à l’Espagne qui sous-tend l’hébergement et l’administration de soins aux militaires malades. Le 3 octobre de l’an II un arrêté des représentants du peuple près l’armée des Pyrénées-Orientales ordonne : « Le District de Perpignan disposera sur le champ de tous les locaux de l’évêché de cette ville, de manière que tous les objets relatifs à l’établissement d’un hôpital puissent y être placés le plus tôt possible. » C’est ainsi que sera réalisée en trois étapes, et sans difficultés, la jonction des locaux de l’évêché à ceux de l’hôpital civil le 14 frimaire an X.

L’hôpital entreprend alors des travaux de rénovation des locaux, blanchissage de salles, réparations de latrines, réfection des toits. Des salles d’accouchement, de cours d’anatomie et de vaccine sont aménagées.

La disparition de l’hôpital dans le parcellaire urbain fin XIXe siècle

Après le départ de la Miséricorde pour la route d’Espagne (1887), l’établissement, tout comme l’église Saint-Jean-le Vieux, est racheté par l’industriel Edmond Bartissol. Il implante l’usine hydroélectrique dans l’église et détruit ensuite tous les locaux de l’ancien hôpital pour créer la « cité Bartissol », immeubles de rapport de part et d’autres de la rue du même nom qui est alors ouverte.

La fontaine de l’hôpital

Vestige et mémoire

Cette fontaine, achevée le 14 octobre 1431, était placée dans la cour centrale de l’hôpital, comme en témoigne encore une carte postale de la fin du XIXe siècle. Tout laisse supposer qu’elle a été déplacée dans les différents établissements occupés par cette institution.

En 1969, alors qu’elle se trouvait dans l’entrée de l’hôpital du Haut-Vernet qui allait être agrandi, la commission des hospices la cède à la Ville de Perpignan. Elle est alors installée Place Gambetta. Vestige du vieil hôpital disparu, elle en rappelle toujours, tout près, sa mémoire. La plaque de sa fondation a été apposée sur le mur d’en face, 7 place Gambetta.

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